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projet indépendant de la Donald Healey Motor Company après
son alliance avec la BMC, la 100S naît en 1954. Si elle a pour origine
les Healey 100 qui ont pris part aux 24 Heures du Mans de 1953, elle doit
son nom à l’une des voitures préparées en vue
de la saison 1954 et qui a pris la troisième place aux 12 Heures
de Sebring, une performance au retentissement commercial important (S pour
Sebring). La 100S est dévoilée en tant que modèle de
production au salon de Londres de 1954. Les cinq voitures de course d’usine
construites, comme les cinquante exemplaires produits qui dérivent
de ces dernières, ont été réalisées chez
Healey à Warwick — du reste, les plaques constructeur des châssis
ne portent que le nom Healey.
La 100S s’avère très différente des Healey 100/4.
Destinée aux clients sportifs, elle développe 132 ch grâce
à une culasse préparée chez Weslake, sur laquelle l’admission
et l’échappement sont implantés sur le même côté
(contrairement aux 100/4) et à des carburateurs SU de plus gros diamètre.
Côté transmission, la boîte de vitesses est dépourvue
d’overdrive et la voiture reçoit normalement un long pont (2,92
à 1) de manière à favoriser la vitesse de pointe —
toutefois, la 100S peut recevoir d’autres rapports (2,69, 3,66 et
4,12). Les voitures d’usine ont souvent utilisé une boîte
de vitesses David Brown (Aston Martin) à quatre rapports (ainsi que
des roues Dunlop en magnésium).
Dotée de quatre freins à disque Dunlop, la 100S dépasse
les 210 km/h. Réalisée en aluminium chez Jensen, sa carrosserie,
qui ne pèse que 750 kilos, est reconnaissable à sa calandre
de forme ovale, la première à abandonner la traditionnelle
grille Healey en cerf-volant. Elle est également dépourvue
de capote et de vitres latérales. Quant au pare-brise, il cède
la place à un saute-vent en plexiglas. La contenance du réservoir
de carburant est de 110 litres et la voiture est dotée de deux pompes
électriques SU, l’une positionnée en haut, l’autre
plus bas.
A la une Des cinquante 100S « replicas », il ne reste aujourd’hui
que 37 exemplaires répertoriés. Celle au volant de laquelle
Marco Trevisan, un Suisse originaire du Tessin, est venu à Montlhéry,
porte le numéro de châssis AHS 3602. La voiture a été
importée en France par AFIVA et livrée à Paris en février
1955 à François de Vries. Inscrite aux 24 Heures du Mans de
la même année, elle dut être retirée quand Donald
Healey décida d’envoyer deux voitures d’usine (dont l’une
sera impliquée dans la tragédie).
La passion Healey, Marco Trevisan l’a contractée en 1967, quand
il a restauré sa première voiture, une 3000 Mk I BT7. Il la
possède toujours (elle a parcouru depuis environ 300 000 kilomètres)
et l’a passée à ses enfants. Aujourd’hui, sa collection
ne comporte pas moins de quatre Austin Healey, dont l’une se trouve
au Canada (où il a vécu dix ans) avec laquelle il participe
à des rallyes américains.
C’est en 1994 que Marco Trevisan a acquis sa 100S à un garagiste
de Belfort, qui l’avait proposée dans un magazine sous la forme
d’une petite annonce. Le professionnel la possédait depuis
1962, quand un client lui avait laissée, moteur cassé. Le
garagiste avait entrepris de la restaurer sans jamais la terminer. La voiture
était en pièces détachées.
Marco Trevisan a restauré lui-même la mécanique, un
chantier de trois ans. Quant à la carrosserie, en aluminium, elle
a été confiée à un spécialiste anglais,
qui a passé trois mois chez lui à lui redonner son état
originel. Pour mener à bien son projet, Marco Trevisan s’est
beaucoup documenté. Voyageant fréquemment pour les besoins
de sa profession, il a photographié des 100S en Australie et aux
Etats-Unis. Aujourd’hui, il connaît sa voiture par cœur.
Il a également répertorié les 100S à travers
le monde. Cinq se trouvent en Suisse (c’est lui qui a inoculé
le virus aux Helvètes !), une en France, qui a été
restaurée en Angleterre — outre la sienne, une seconde voiture
fut importée à l’époque dans notre pays, elle
fut vendue ensuite en Australie avant de se retrouver aujourd’hui
en Angleterre. Les autres 100S sont ainsi réparties : une quinzaine
en Amérique, sept en Grande-Bretagne, quelques-unes en Australie
et une en Suède.
Depuis que sa restauration a atteint son terme en 1997, la 100S de Marco
Trevisan a parcouru 40 000 kilomètres. A son volant, ce dernier participe
à de nombreux rallyes, dont les Mille Milles à quatre reprises.
Il lui arrive même de la prendre pour aller travailler. C’était
la première fois qu’il venait à Montlhéry et
il ne le regrette pas…
Lien
vers la 100S de Marco Trevisan au Mille Miglia 2004